100.1 — 10 août — Journée à Santiago
Journée hors du temps pur moi ici Sanriago, je suis arrivé au point culminant de mon pèlerinage en assistant à la messe des pèlerins à midi. Nous nous sommes installés à l’église dès 11heures, bien nous en a pris, car la cathédrale était comble de pèlerins et de touristes. J’ai été impressionné par la ferveur du lieu qui draine des pèlerins du monde entier depuis des siècles. Santiago est une ville sainte comme Rome et Jérusalem, une année sainte est proclamée chaque fois que la fête de Saint-Jacques du 25 juillet tombe sur un dimanche.
Monica de Sao Paulo a aimablement accepté de partager ma journée, je ne souhaitais pas joindre un groupe de pèlerins plus important. Elle est arrivée, pour sa dernière étape, sur le parvis dès sept heures du matin avec une pèlerine japonaise, elles avaient le parvis pour elles seules. Après la messe, j’ai fait des petits achats puis nous avons pris le temps de déjeuner tranquillement sur une terrasse - pimentes et zambirinas (petites coquilles Saint-Jacques) - avant de faire le tour de la ville en petit train touristique. Cette journée est comme un point d’orgue après celle d’hier. J’en remercie Monica pour sa douceur et son écoute. Elle est psychologue dans un hôpital auprès d’enfants malades, cela y est peut-être pour quelque chose.
Je redescends tout doucement de mon petit nuage. Pour moi, depuis mon entrée en Espagne l’effet boomerang des rencontres à répétition a été plus difficile à gérer que l’effort physique, je ressors un peu comme essoré par leur richesse, leur authenticité et le questionnement sur tes valeurs personnelles qu’elles suscitent. Naturellement, cela n’a été possible, je pense, que grâce à la force d’attraction du camino qui polarise les pensées comme les pas de chacun en agissant comme en aimant. Les énergies de chacun sont démultipliées car elles s’ajoutent les unes aux autres au lieu de se neutraliser comme cela se passe naturellement dans la vie quotidienne. En allant vers Fisterra puis Muxía, je vais progressivement revenir aux réalités de la vie quotidienne enrichi par mon camino. Je suis conscient le la chance que j’ai d’avoir la capacité physique et mentale pour profiter pleinement de ce pèlerinage avec la bienveillance et les encouragements de mon entourage. J’´avais annoncé mon départ avec un poème de la Victor Hugo « demain dès l’aube ». Je pourrais annoncer mon retour avec un autre de ses poème, plus apaisé, « Booz endormi » qui pour moi est une ode à la vie et à la vitalité.
Demain, pas vraiment dès l’aube, la première de mes quatre étapes vers Fisterra me mènera à Negreira.
La sortie de la capitale galicienne est, contrairement à l'entrée, relativement rapide et confortable. Dès que nous quittons la ville, nous commençons une visite très agréable à travers des paysages ruraux, avec des forêts de carballos, de pins et d'eucalyptus. Les pentes sont fréquentes mais modérées, à l'exception de l'Alto do Mar de Ovellas, où nous devrons surmonter un dénivelé de 210 mètres en seulement 2 kilomètres.
Ci dessous quelques croquis que Clément de Lyon a fait sur le chemin, on est arrivé tous les deux mercredi et on a fêté ensemble.