105.1 — du 16 au 19 août — Repos à Lires
Et me voilà déjà arrivé au seuil de la dernière étape de mon pèlerinage qui me conduira demain dimanche à Muxia. Pour le moment, je suis encore pèlerin et l’appel du chemin reste fort. La lenteur de la marche permet de fixer et s’approprier les paysages qui défilent au bon instant, elle facilite aussi les nombreux échanges faits d’écoute, d’entraide et de partages qui restent scellés dans la terre du chemin. Tous ces changements permanents en vagues successives, parfois brutaux, de paysages traversés et de tranches de vies partagées l’espace de quelques heures ou de quelques jours ont installé en moi un tourbillon. Cependant, je suis bien reposé et j’ai rattrapé un peu de mon retard dans la préparation nécessaire pour le marathon de septembre comme je sais le faire, en forçant un peu. Je me fais aussi une idée plus précise du retour en regardant des photos de mes quatre petit-enfants et en pensant à Régine et à tous ceux et à toutes celles qui seront tous contents de me revoir.
mercredi 16 août :
Dans ma maison d’hôtes j’ai croisé quatre générations de la famille d’accueil, Maria 92 ans qui m’a accueilli, Lucia la fille, Belen la petite fille directrice du centre des congrès de Santiago et aujourd’hui la jeune et déjà grande Lucia, l’arrière-petite-fille que Maria a voulu me présenter. Sur une plage à cinq kilomètres de Lires, j’ai vu Esther qui observait un camping car au loin venu se garer illicitement près de cette plage dont elle m’a rappelé les dangers par mer forte. Il se trouve qu’Esther est une amie de longue date de Lucia la grand-mère.
Dans une descente, la chaine de mon vélo a déraillé, elle est restée coincée par une petite poulie du dérailleur ; impossible de la remettre en place. J’ai contacté David, II est rapidement intervenu en se déplaçant à Lires. Cela m’aurait embêté, si cela était arrivé mardi soir et m’avait empêché d’assister, avec Monica, une deuxième fois au coucher de soleil au cap Finisterre. Cela me sert aussi de d’avertissement avant le trajet à vélo vers l’aéroport de Santiago prévu mercredi prochain.
jeudi 17 août :
Dans mes courses à pied quotidiennes sur le parcours du camino, je croise encore de nombreux pèlerins qui avancent vers leur destination finale Fisterra ou Muxia. M’étant sédentarisé quelques jours Lires, je ne suis plus tout à fait l’un d’eux avec mes chaussures de course à pieds.
Vendredi 18 août :
Au restaurant où je prend le petit déjeuner, s’arrêtent aussi de nombreux pèlerins. Avec le retour de la pluie, ils sont trempés, je les envie un peu. C’est plus fort que moi, je suis allé discuter avec Marine de Nantes qui est assise là depuis 20 minutes seule table en lui présentant ma crédentiale, le passeport incontournable du pèlerin. avec mes nombreux tampons à défaut d’être en tenue de service. Elle m’a fait part de ses experiences et de ses ressentis, nous avons parlé 20 minutes du camino , de nos « trips » respectifs. J’étais presque comme un drogué en manque.
Dans ma course à pied sur le chemin vers Fisterra, pour la 3eme fois je me suis arrêté à un « donativo », un stand au bord de la route où on peut se servir librement en café, petits gâteaux et yaourt en donnant ce qu’on a envie. Je me suis assis et j’ai pris un café et des cookies. Voilà je fais la transition, je me rapproche de la vie d’avant où, quand je vais courir, je m’arrête généralement au plaza café à Horbourg-Wihr pour prendre un cappuccino et une Carioca rouge, notre eau gazeuse locale. J’y croise régulièrement Eddy qui est aussi un fidèle lecteur de mon blog, on fera un débriefing ensemble au plazza. Au bout de quelques minutes, une dame au visage radieux est venue refaire le plein de la Thermos de café. Un voyage de 4 ans en Amérique latine à changé le cours de sa vie, elle qui, avant, travaillait dans la finance. Je lui promis de revenir la saluer demain.
Samedi 19 août :
De suite après le petit déjeuner, je suis retourné en petites foulées au donatovo où pendant mon café j’ai discuté avec Chelo, c’est comme cela qu’elle s’appelle, cette dame au sourire radieux. Elle nourrit les pèlerins qui passent devant chez elle comme je donne des graines aux oiseaux affamés en hiver, une grande Thermos de café par jour quand il fait chaud et trois quand il fait plus frais comme hier. Dans un mois Chelo va repartir pour le Mexique. Comme je lui ai dit que je travaillais jusqu’à récemment dans un service informatique, elle pensait avoir trouvé de l’aide pour mettre en place un blog, je n’ai pas pu être d’une grande aide car blog4ever que j’utilise est une solution Franco française. Cela ne me dérangeait qu’à moitié, car je n’avais ni la tête ni la patience pour me lancer dans une installation de blog.
Le grand beau temps avec un ciel bleu limpide est revenu, je veux profiter d’une demi-journée de plage sans téléphone. J’ai assisté à un grand spectacle, celui de la marée montante d’un océan déchaîné, j’y suis resté jusqu’à 20h. J’ai diné rapidement pour revenir, avec mon vélo et mon téléphone assister au coucher de soleil et à la tombée de la nuit sur plage. A mon arrivée la mer s’est déjà, à nouveau, retirée d’une bonne cinquantaine de mètres. Il n’y a plus l’émotion du kilomètre zéro au cap Finisterre ; cependant le spectacle reste grandiose et je reste seul, avec mon vélo, assis sur sur cette grande plage, à le contempler et à vivre pleinement l’instant présent bercé par le bruit des vagues qui s’éloignent au fur et à mesure que la mer se retire.
Le chemin appelle le chemin et le risque de devenir accroc est grand. On m’avait averti au Stammtisch de Châtenoix, mais je n’y croyais pas trop. Dès le mois de juin l’année prochaine, avec Régine cette fois, on pense s’engager sur le camino portugais avant, je l’espère, de retourner avec elle
admirer le coucher du soleil au cap Finisterre.
Si je ne compte pas le retour à l’aéroport de mercredi, demain c’est, déjà, l’ultime étape, avec mon sac à dos, pour joindre la destination finale que je m’étais fixée pour mon pèlerinage, Muxia. Je referai l’étape dès mon arrivée je pense, dans l’autre sens, en course à pied, pour aller récupérer mon vélo resté chez Maria.
Mes sensations de courreur de fond sont de retour, c’est un bon signe et j’ai réalisé pleinement mon rêve au delà de toutes mes espérances. Je peux à présent revenir à Holtzwihr, retrouver Régine et ceux qui m’attendent. Mercredi prochain, pour la première fois depuis le 1er juilet et mon départ de Holtzwihr le 23 avril, je mettrai le cap à l’Est. C’est une vérité de La Palisse, étant arrivé à l’extrémité occidentale du continent, sauf à me mettre à nager ou à me rendre au Portugal, je ne peux que faire demi-tour. Il est 23 heures quand je quitte la plage plongée dans une belle nuit noire qui met en relief le croissant de lune qui se perd derrière une coline.
Et pendant ce temps, un mois après les élections générales du 23 juillet, l’Espagne n’a toujours pas de gouvernement. Pedro Sanchez tient la corde pour l’investiture mais la revendication d’amnistie des autonomistes catalans est toujours en suspend pendant que l’alliance entre le PP (droite modérée) et VOX (extrême droite) se fissure.
Au-delà des cèdres
chant chorale écossais, 2ème édition
La mer peut laver sur le sable nos pas
Et le vent effacer notre histoire
Chacun dans son cœur par ce chant retrouvera
Des amis partis au loin la mémoire.