92 — 1er août — Berducedo Grandas de Salime 20,4 km
Journée passée presque exlusivement autour du lac de Salime. Le panorama est grandiose et très propice à la randonnée. La longue descente vers le lac avec un dénivelé négatif de plus de 1000 mètres m’a donné des fourmis dans les jambes et l’envie de me remettre à courir. Pour moi cela est somme toute moins fatigant que de marcher et de devoir freiner à chaque pas. Cela m’a aussi permis, malgré un départ plutôt tardif, de rencontrer plusieurs pèlerins en cours de route dont des visages déjà familiers. Le brouillard du matin s’est dissipé dans la journée pour laisser place à un temps dégagé sans trop de chaleur.
En partant, j’ai discuté une bonne demi-heure avec Berna et Raphaël de Munich. Ils en sont à leur troisième camino, camino qui par le passé a aidé Berna à décider de changer de cap dans sa vie professionnelle. Elle se demande si elle aura encore la motivation d’en refaire un autre dans le futur maintenant qu’elle est heureuse de la vie qu’elle mène. Je lui ai confié que mon premier camino me renforce dans ma conviction de vouloir revenir à la vie d’avant dès mon retour. Puis j’ai rencontré Alex et Petra. Petra habite à Speyer à 80 kilomètres environ de Stasbourg où elle physiothérapeute, Alex est enseignante dans un quartier multiculturel de la ville industrielle de Ludwigshafen sur la rive ouest du Rhin, en face de Mannheim. Plus loin encore, j’ai eu le plaisir de revoir Elena et Silvia de Milan avec qui j’ai diné hier soir. Enfin j’ai revu Natalia une Ukrainienne qui habite en Espagne. Elle est très expressive mais ne parle qu’espagnol ce qui limite pour moi les possibilités de de dialogue. Chacun a avancé à son rythme, et on s’est finalement tous retrouvés sur la terrasse de l’auberge du bord du lac de Salime avec d’autre pèlerins, principalement des italiens.
Le lac de Salime est un lac artificiel créé en 1954 par la construction d'un barrage sur la rivière Navia, dans le but de réguler son débit et de produire de l'énergie hydroélectrique. Il s'étend sur une superficie d'environ 3,5 kilomètres carrés.
Ce soir j’ai rejoint Alex et Petra à la terrasse d’un bar restaurant tout près de notre hôtel commun. Une quinzaine de personnes étaient attablées, que des pèlerins je pense ; ils parle entre eux soit en Italien, soit en anglais ou en allemand. Cela donne à la soirée une belle ambiance internationale. J’ai commandé le seul plat à la carte hier soir, du "pulpo a la gallega" ou "poulpe à la galicienne". Il s'agit d'une recette traditionnelle galicienne également très populaire dans les Asturies. J’avais deux appréhension en attendant mon repas : le souvenir plutôt affectif de «Paul le poulpe» qui faisait des pronostics lors de la coupe du monde en 2010 et celui d’une impression de caoutchouc à chaque fois que j’ai mangé du poulpe, principalement dans des salades de fruits de mer. Mais pas de soucis, j’ai bien mangé, c’était très appétissant.
Le poulpe est cuit dans de l'eau bouillante avec du sel, puis coupé en tranches et servi avec de l'huile d'olive, du paprika et du sel. Hier soir il était accompagné de pommes de terre.
Après trois étapes exigeantes physiquement avec des dénivelés importants, demain direction A Fonsagrada sur un territoire plus docile, à nouveau dans des zones rurales, agricoles et d'élevage dans et tout autour de petits villages. La journée sera marquée par une montée, longue, mais douce et progressive, vers l'Alto del Acebo, montagne qui sépare les Asturies et de la Galice.