99 — 8 août — Arzúa O Pedrouzo 20,2 km
Hier soir, j’étais en contact avec Claude et Chantal dont un ami de Colmar a de la famille à Arzúa. Il y retourne deux fois par an. On s’est échangé des indications et des photos pour le dîner et pour le petit déjeuner.
Ce matin, à l’heure où je suis parti, Il y avait un peu moins de monde sur le chemin. J’ai encouragé Daniel qui a commencé à Saint-Jean-Pied-de-Port. Il est hollandais et fait des études en droit à Leiden, ville entre Amsterdam et La Hague que je connais assez bien pour y avoir séjourné à plusieurs reprises dans les années 90 quand je travaillais pour des projets de recherche européens. Depuis hier, Daniel a un problème musculaire semblable à celui que j’avais en juin au niveau du tibia, il voulait finir son étape en stop alors qu’il était encore à quelques kilomètres de O Pedrouzo. Finalement, après avoir appliqué un peu de pommade que j’avais encore au fond de mon sac, il est reparti sans trop de difficulté. Comme d’autre jeunes de son âge, pour faire des économies, et pour ne pas arriver trop tôt dans l’après-midi dans les auberges, il allonge les distances et parcours plus de 40 kilomètres par jour.
Ce soir, au centre de O Pedruzo, les nombreuses terrasses sont pleines, et de nombreuses personnes seules ou en petits groupes déambulent dans la rue principale. On se croirait presque dans une station balnéaire, mais il y a quand même une différence, de nombreux passants boitent un peu, ce sont tous de pèlerins, comme moi, à la veille de leur arrivée. Très nombreux dans le lot sont ceux qui ont commencé à Sarria pour effectuer les derniers 100 kilomètres du camino Francés.
Laura de Bolivie et sa famille avancent aussi à leur rythme. Il arrivent ce soir à Ferreira et devraient donc arriver samedi soir à Santiago. Silvia de Milan, ravie, m’a envoyé une photo de son arrivée ce soir devant la cathédrale avec Teresa, son mari et Alfonso de Rome. Demain ce sera à mon tour d’arriver à la destination de mon pèlerinage. J’appréhende un peu cette fin qui approche et je suis content d’avoir rendez vous avec Isabelle et Julien de Savoie le soir devant la cathédrale pour ne pas arriver trop dans l’anonymat.
J’ai envie de dire : j’arrive déjà ! mais aussi, j’ai la chance d’y être arrivé en bonne forme. J’ai pu traverser de nombreuses régions riches de leur histoire, de leur culture, de leur traditions et de leur paysages. J’ai fait de nombreuses et enrichissantes rencontres, et créé des liens forts avec de nouveaux amis.
Mais ce ne sera pas tout à fait fini demain soir, je dirais heureusement, car ce serait un peu brutal comme l’ont parfois été les séparations successives d’avec des personnes avec leur propre histoire, auxquelles on s’attache. Un peu brutaux furent aussi les changements permanents d’environnement, de la campagne perdue à la ville trépidante ou de la plage à la montagne.
Je reste jeudi à Santiago puis je part pour Fisterra ou j’arrive lundi soir après 4 étapes de marche. Puis je me pose pendant 5 jours à Lires au bord de l’océan. La toute dernière étape sera vers Muxía dimanche 20 août. J’y reste trois jours pour prendre l’avion à Santiago mercredi soir 23 août. Cela me laisse du temps de préparer mon retour à la vie ordinaire : récupérer, remettre les idées en place, profiter de la mer et des paysages, et dans la mesure du possible, d’avancer dans ma préparation pour le marathon de Colmar du 17 septembre.
